Merceries, Virus et commerces essentiels.
OUI, il a fallut une pandémie pour que les " hautes instances " s'aperçoivent que nous étions " essentiels ".
Mars 2020, 1er confinement et le couperet tombe, il faut fermer tous les commerces. Nous prevenons en hâte notre clientèle. Nous ne savons pas combien de temps celà va durer, mais les annonces à la radio ne sont pas rassurantes.
Fin avril 2020, un vendredi soir j'allume la radio et j'entends que les merceries ont été classées " commerces essentiels "! OUF Nous pouvons réouvrir dès le mardi qui suit.
Au début les clients sont étonnés de nous voir ouverts, d'autres s'interrogent, font mine de venir " en cachette " , comme si nous vendions des " produits illicites ". Nous inventons un " drive piétons " ayant une fenètre qui s'ouvre sur la rue. Et là, en 30 ans de métier, nous n'avions JAMAIS JAMAIS vu çà. Une queue de client qui se forme sur le trottoir, attendant patiemment leur tour. Une attente parfois de plus d'une demi-heure, pour quelques bobines de fils, des carrés de tissus et d'élastique.
Nous savions maintenant que nous devions nous protéger la bouche et le nez, il était donc urgent de confectionner des masques, et les " petites mains " se sont mobilisées pour les coudre. Les grand mères ont été sollicitées, car de leur temps, elles avaient appris la couture à l'école. Puis le passage de génération en génération s'est refait. On a ressorti la " vieille SINGER " à pédale du grenier. La petite fille a force d'observer et avec les conseils de mémé, a commencé à coudre, à piquer. Toutes et parfois, tous, unis contre ce virus. Au final nous avons vendus plus 1 000 mètres d'élastiques en 3 jours, le stock à plat, vidé.
Marie Anne, elle aussi a confectionné des masques tissus dans l'atelier et les a donné a ceux qui ne savaient pas coudre ou qui n'avaient personne pour leur confectionner. C'était la " guerre " dixit notre Président, et sans réfléchir nous nous sommes volontier engagées en bons petits soldats.
J'ai vu des personnes agées pleurait par notre fenètre " DRIVE ", et des gens hagards qui erraient dans la rue ayant perdus tous leurs repères, leurs petits commerces de proximité étaient tous fermés. Dans ce quartier pourtant si vivant avant, il régnait un silence de mort.
Il avait donc fallu une pandémie pour que beaucoup découvrent ces "petits " métiers, si utiles, et si essentiels, tous ces commerces longtemps oubliés : Les merceries
